- quintaine
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⇒QUINTAINE, subst. fém.[Du Moy. Âge au XVIIe s.] Poteau qui servait de cible aux cavaliers pour le maniement des armes et qui pouvait être surmonté d'un écu ou d'un mannequin mobile qui, en tournant, frappait celui qui l'avait touché maladroitement. Synon. faquin (v. ce mot A 2). Planter une quintaine (Ac. 1835, 1878). Les joutes à la quintaine étaient un des exercices favoris dans les tournois (Ac. 1878-1935). Le futur chevalier (...) s'est longuement exercé (...) à atteindre de la pointe de sa lance, au plein galop de son destrier, la quintaine dressée sur une piste (FARAL, Vie temps st Louis, 1942, p. 31).— P. méton. Exercice avec un tel poteau. Les vilains vont courir la quintaine. Je ne connais rien de si amusant que de voir ces gros lourdauds tomber lourdement sur le sable, en recevant un bon coup sur les épaules (MÉRIMÉE, Jaquerie, 1828, p. 55). Va pour le Maure! Tout bon gentilhomme sait qu'il n'y a qu'à taper dessus comme à la quintaine (CLAUDEL, Soulier, 1929, 1re journée, 3, p. 659).— Au fig., rare. Servir de quintaine. Être l'objet d'attaques, de critiques. Synon. de servir de cible. Sa nouvelle épouse (...) pouvait avoir pris pour lui peu de respect en le voyant, depuis plusieurs jours, servir de quintaine au militaire (NERVAL, Nouv. et fantais., 1855, p. 210). Qu'elle ait servi de quintaine à tous les coups, elle seule sait qu'elle n'était pas bourrée de paille, mais d'entrailles chaudes où tous les coups ont fait blessure (GIONO, Angelo, 1958, p. 31).REM. Quintan, subst. masc., synon. vx. Courir le quintan (Ac. 1835, 1878).Prononc. et Orth.:[
]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1176 quintainne (CHRÉTIEN DE TROYES, Cligès, éd. A. Micha, 1290). Du lat.
[via] désignant dans le camp romain la rue, entre le 5e et le 6e manipule où se tenait le marché, et où avaient lieu les exercices militaires, d'où p. ext. le poteau destiné à ces exercices. Quintana est la subst. au fém. de l'adj. quintanus « relatif au 5e », dér. de quintus, v. quint. Cf. au XVIe s. le m. fr. quintane, 1541 (G. MICHEL, tr. Suétone, VI, 202 r ° ds HUG.: Il constitua a sa maison les quintanes, cest a scavoir quil feist tenir le marché qui estoit faict paravant a la porte pres du pretoire joingnant de sa maison), porte quintaine 1556 (G. DU CHOUL, Disc. d. la castramétation, éd. 1581, p. 77 ds Fonds BARBIER) puis au XIXe s. porte quintane 1875 (Lar. 19e) et voie quintane 1845-46 (BESCH.) — 1965, QUILLET. Voir L. CLARE, La Quintaine. Fréq. abs. littér.:10.
quintaine [kɛ̃tɛn] n. f.ÉTYM. XIIe; du lat. quintana (via), désignant une rue transversale du camp romain et, par ext., selon Hatzfeld, un poteau destiné à l'exercice militaire.❖1 Manège. Anciennt (moyen âge). Poteau fiché en terre, contre lequel on s'exerçait à courir avec la lance, à jeter des traits; mannequin mobile (dit aussi quintan ou faquin) adapté au-dessus de ce poteau, armé d'un bouclier et d'un sabre, qui servait de cible aux chevaliers et leur assénait un coup chaque fois qu'ils le manquaient. || Courir, férir la quintaine. || Joutes à la quintaine. — ☑ Fig. Servir de quintaine, de plastron, de cible (aux plaisanteries).0 (…) il avait à cœur de bien se montrer une fois devant sa nouvelle épouse, qui pouvait avoir pris pour lui peu de respect en le voyant, depuis plusieurs jours, servir de quintaine au militaire, avec cette différence que la quintaine rend quelquefois de bons coups pour ceux qu'on lui porte continuellement.Nerval, Contes et facéties, « La main enchantée », VIII.2 Blason. Pièce héraldique figurant un poteau auquel est suspendu un écu.➪ tableau Termes de blason.
Encyclopédie Universelle. 2012.